J’étais Un Rat ! par Philip Pullman
J’étais un rat!
par Philip Pullman
Rue des rats
par François Forestier
Naissance
par Yann Moix
La naissance ne saurait être biologique : on choisit toujours ses parents. Naître, c’est semer ses géniteurs. Non pas tuer le père, mais tuer en nous le fils. Laisser son sang derrière, s’affranchir de ses gènes. Chercher, trouver d’autres parents : spirituels. Ce qui compte, ce n’est pas la mise au monde, mais la mise en monde. Naître biologiquement, c’est à la portée du premier chiot venu, des grenouilles, des mulots, des huîtres. Naître spirituellement, naître à soi-même, se déspermatozoïder, c’est à la portée de ceux-là seuls qui préfèrent les orphelins aux fils de famille, les adoptés aux programmés, les fugueurs aux successeurs, les déviances aux descendances. Toute naissance est devant soi. C’est la mort qui est derrière. Les parents nous ont donné la vie ? A nous de la leur reprendre. Le plus tôt possible.
Mémoires d’un rat (Nouv. éd.)
par Andrzej ZANIEWSKI
” Cher lecteur, n’oublie pas que, lorsque j’ai décrit de façon minutieuse et naturaliste l’existence d’un rat, c’est à toi que je pensais. “
” Je n’ai pas retenu grand-chose de ce lointain éveil de ma conscience, du temps où je ne savais même pas que j’étais un rat et où mon imagination, encore en sommeil, n’expliquait rien, ne pressentait rien.
Outre mon attirance vers la lumière, vers la moindre source de clarté transperçant mes paupières, je réagissais aux couinements aigus de ma mère. S’ajoutant à l’odeur des mamelles et à la chaleur rassurante, ils étaient là pour me guider, m’instruire, me contraindre.
Mon ouïe n’est pas encore formée, mes orifices auriculaires sont soudés et seule une toute petite partie des sons pénètre à l’intérieur. Pourtant, je distingue aussitôt le cri perçant de ma mère que j’associe à la chaleur et au goût délicieux du lait.
Ma peau, jusqu’à présent nue et rose, se couvre peu à peu d’un délicat duvet gris, je le sens, j’ai de plus en plus chaud. Désormais je ne crains plus de rester couché à découvert. “
Le peuple des rats
par Patrick Saint-Paul
Je suis allé à sa rencontre dans les boyaux tentaculaires de Pékin. J’ai partagé leur quotidien, par petites immersions, pendant près de deux ans : dans un monde interdit, sans fenêtre, sans eau et sans chauffage, éclairé au néon. Je les ai suivis dans leurs villages d’origine. Je suis allé à la rencontre des dizaines de millions d’enfants qu’ils ont abandonnés dans les campagnes. Car ils sont l’incarnation des paradoxes chinois. Le rêve du président Xi Jinping, apôtre de l’idéologie maoïste, est un lointain mirage pour eux, au pays du capitalisme débridé. Leur vie n’a rien du conte de fée. Mais ils ne sont pas prêts de renverser le système… La propagande du Parti Communiste, l’espoir d’une vie meilleure et la résurgence du confucianisme ont fait des « miracles ». »P. S.-P.